Lettre ouverte à mes amis de gauche, nécessairement progressistes et laïques.
- Philippe Hermkens
- 17 mai
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 26 mai

Etre de gauche, de gauche radicale ou d'extrême gauche, c'est nécessairement être anticlérical. Pourquoi ? Parce que la religion, c'est l'Opium du peuple selon Karl Marx. Parce que la religion veut toujours envahir l'espace public pour le contrôler et aussi déterminer le mode de vie de la population en ce compris dans sa chambre à coucher. Et c'est inacceptable car les êtres humains doivent être libérés de leurs chaînes tant physiques qu'intellectuelles. Et donc, vive la laïcité.
Etre de gauche, c'est aussi être progressiste. Etre réactionnaire est indécent et conservateur stupide. Le seul bon critère, c'est la vitesse à laquelle on doit accepter ces transformations progressistes. On doit donc être extrêmement progressiste ou normalement progressiste ou éventuellement un tout petit peu progressiste.
Mais que constate-t'on quotidiennement dans les pays occidentaux ?
Les partis politiques de gauche ont des yeux de chimène pour les musulmans. A l'inverse, à tort ou à raison, les mouvements laïcs ou les réunions de partis politiques se terminaient souvent par des : A bas la calotte. C'est maintenant parfaitement inimaginable.
Etre de gauche, actuellement c'est :
Le nucléaire est dangereux et doit être stoppé,
Les amérindiens et les peuples indigènes en général sont des populations nobles et empreintes de spiritualité, en relation harmonieuse avec la Terre,
Un vrai scientifique n'exprime jamais aucune certitude,
L'usage de carburant fossile doit être dramatiquement diminué, si ce n'est interdit,
Le but de l'éducation est de socialiser l'enfant et de lui fournir les éléments intellectuels nécessaires pour lui permettre de prendre part au processus démocratique,
Le colonialisme, c'est l'oppression. Les cultures indigènes ne doivent pas être perturbées,
Dans le cadre de n'importe quel conflit entre peuples, on doit soutenir le faible contre le fort,
Nos gaspillages constants ont mis en péril notre nid et maintenant nous faisons face à une menace de changement climatique particulièrement catastrophique,
L'histoire américaine et européenne n'est qu'une longue suite honteuse de crimes à l'encontre des populations indigènes et de couleur,
Nous devons mettre fin aux déprédations des millionaires et des milliardaires à l'encontre de ceux qui sont sans défense,
L'Intelligence Artificielle pose une menace existentielle à l'humanité,
Des entreprises géantes comme Amazon, Google, Microsoft ou Apple ont beaucoup trop de pouvoir.
Le Progrès est devenu un danger, la richesse est mauvaise, le succès matériel d'autrui lui donne du pouvoir sur vous, la civilisation est une oppression, la technologie est dangereuse, la vérité est une construction collective.
Pourquoi ? Superficiellement, parce que l'inventivité humaine met en péril l'équilibre mis en place par la Nature.
Comment ? Grâce à la possibilité offerte aux êtres humains dans certaines sociétés plus que d'autres de chercher, de découvrir, d'expérimenter, de créer et d'obtenir l'essentiel des fruits de cette création.
Fondamentalement, les intellectuels trouvent que l'esprit humain ne permet plus de comprendre le monde qui les entoure. Les êtres humains sont incapables d'être rationnels, de voir la réalité et d'utiliser leur esprit pour l'améliorer.
C'est ce qui est est enseigné dans toutes les universités occidentales. L'individu est mauvais, la liberté ne peut qu'être abusée et la rationalité est impuissante, notamment face au mal. Auschwitz est rappelé constamment. Non pas comme expression de ce qui arrive quand on abandonne comme analyse la rationalité pour le sentiment d'appartenance, mais bien comme indicateur que le mal triomphera.
Ces positions sont juste l'inverse de ce qu'était être de gauche, progressiste ou laïc, il y a encore 25 ans.
Quelle est la raison de cette évolution ? Elle est extrêmement simple. Après l'effondrement définitif du socialisme réel en 1989 et la nouvelle révolution industrielle qui s'est mise en place avec internet et qui ne fait que commencer, -l'Intelligence Artificielle étant son dernier avatar - et une richesse généralisée incroyable qui pourrait s'étendre à l'ensemble de l'humanité, l'intellectuel occidental a été mis face à un dilemme : soit remettre en cause ses idées fondamentales et admettre qu'il s'est trompé sur l'essentiel ou ne pas changer. C'est évidemment la deuxième option qui a été choisie à la quasi-unanimité. Cela a révélé d'une manière très crue et glaciale que ce qui le motive par dessus tout, ce n'est pas un bien-être généralisé, mais la rage à l'encontre du succès ou décrit autrement l'envie comme moteur politique et philosophique.
L'intellectuel, avorton de nos sociétés, n'est pas le créatif, l'inventeur, le technicien génial ou l'industriel qui met en oeuvre ses idées pour modifier le monde dans lequel il vit à son profit et au profit de ses contemporains.
C'est quelqu'un qui ne fait que répéter sans analyse personnelle ce qu'il a entendu et ce qui lui a été enseigné, sans originalité et sans remise en cause fondamentale. C'est ce que Frederich von Hayek, Prix Nobel d'économie 1974 qualifiat de classe jacassante.
Et ces nouveaux clercs sont enragés. Ils ne peuvent que constater que dans une société prospère, il n'y a plus aucune révérence et aucune admiration pour leurs semblables. Au contraire, ils sont moqués vu leur peu de succès matériel. Ils deviennent dès lors des envieux. Cela ne date pas d'aujourd'hui. Le succès du socialisme est dû principalement à ce sentiment.
Si ce n'était pas le cas, tout le monde serait en faveur d'une société de marché. Tout le monde peut constater qu'il vaut mieux vivre en Corée du Sud qu'en Corée du Nord, au Chili et pas à Cuba, à Zurich et pas à Munich ou à Lausanne et pas à Stockholm ou à Bruxelles.
Et le refus de le constater n'a qu'une cause, essentiellement psychologique : le refus de se remettre en cause et de faire face à ses manquements de caractère, de personnalité ou d'intelligence. Parfois, c'est vrai, c'est seulement un simple sentiment de culpabilité d'être tellement bon et efficace dans son domaine en estimant que l'on n'y est pas pour grand chose. Et peut-être aussi probablement plus souvent parce que l'on est tout simplement un héritier.
Cette réalité d'une vision de gauche a été cachée très longtemps pour ceux qui ne voulaient pas le voir par une apparence de générosité. Il s'agissait d'aider ceux qui étaient au bas de l'échelle. Il s'agissait aussi de lutter contre l'obscurantisme, c'est-à-dire contre les religions dont la religion catholique qui luttait contre le développement des connaissances scientifiques. Aider les pauvres et s'offusquer du traitement réservé à Galilée.
Si ce n'est que depuis un siècle, n'importe quel observateur pouvait constater l'horreur du socialisme réel : les massacres, les camps d'extermination et la famine. Sans compter la peur abjecte de déplaire au secrétaire de cellule et d'être à la merci de crétins psychopathes.
Cela était nié ou mis sur le compte d'une morale différente où seul le résultat futur compte. On ne fait pas d'omellette sans casser des oeufs. Le problème, c'est l'absence d'omelettes.
Où se trouve la moindre critique de la situation catastrophique à Cuba après 60 années de socialisme réel ? Quand y a t'il eu une reconnaissance par les partis socialistes de l'ignominie d'avoir été chanter l'Internationale dans les congrés des partis communistes est-européens alors que l'on torturait à 500 m ? Si vous trouvez cela exagéré, rappelez vous l'interview de Vacalv Havel, nouveau Présient de la Tchécoslovaquie au journal Le Monde expliquant ce sentiment lors de la visite de Françaois Mitterant, Premier Secrétaire du Parti Socialiste Français alors qu'il était détenu par la police politique tchèque.
Vu cet échec retentissant, on a lancé une nouvelle religion : l'écologie où l'on promet non pas des lendemains qui chantent mais bien des lendemains qui déchantent pour sauver la Planète grâce à la décroissance.
Que la production d'énergie électrique nucléaire par exemple soit une réponse est rejettée avec horreur.
Et les ennemis de mes ennemis sont mes amis. L'Islam valorise l'Oumma, la collectivité des croyants face à l'individu, la soumission face à la liberté et la foi face à la rationalité.
L'Islam est donc un allié important pour la gauche aux fins de combattre l'affreuse société occidentale, capitaliste et donc coupable de tous les maux.
Qu'elle soit la société la plus prospère, la plus libre et la plus juste dans l'histoire de l'humanité aggrave son cas moral. Pourquoi ? Parce qu'elle détruit les morales et religieuses et laiques communes basées sur l'altruisme.
Une société capitaliste est basée sur l'intérêt personnel. Cet intérêt personnel est de ne pas se préoccuper d'autrui à condition de ne pas mettre en péril son intégrité physique et son droit de propriété. Cela n'empêche pas la bienveillance au contraire. Mais on n'est plus le gardien de son prochain pour reprendre une expression biblique.
Et bien entendu, dans une telle société fondée sur le mérite, l'absence de succès ne peut pas être imputée essentiellement à autrui mais à soi-même. Cela est intolérable notamment pour l'intellectuel moyen qui se rêve toujours en conseiller du Prince alors que ce dernier n'a plus besoin de lui.
D'où le sentiment d'envie, moteur essentiel de la gauche socialiste, écolo ou islamagauchiste au XXI ème siècle en Occident.
Etre de gauche au XXI ème siècle, c'est être en faveur d'une société mortifère, uniforme et enfermée dans la stagnation et la pauvreté parce qu'il faut sauver la Planète. Comme si avoir le climat de la Côte d'Azur à Bruxelles était une catastrophe.
Aussi, vivent la Tour Eiffel, le Champagne et la Joie de Vivre dans une société prospère et bienveillante !
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